Professional Documents
Culture Documents
WWW: famvin.org
LETTRE DE L’AVENT
LES CONSEILS EVANGELIQUES :
VFO@famvin.org
Cette lettre de l’Avent est une invitation à prier, méditer et intérioriser les conseils
évangéliques comme moyen de poursuivre notre chemin avec saint Vincent de Paul,
« mystique de la Charité ». Jésus est le centre de notre vie, de notre action, de nos aspirations.
Pour nous, chrétiens, il est le point de mire, le modèle et celui que nous devons mettre à la
première place dans nos vies, que notre vocation soit à la vie conjugale, au célibat ou à une
forme de vie consacrée. La pauvreté, la chasteté et l’obéissance sont des signes incontestables
et frappants dans la vie de Jésus, car il était pauvre, chaste et obéissant.
Jésus reste le prototype de la manière de vivre les trois conseils évangéliques. Bien qu’il
ait tout eu, il a vécu pauvrement. Il était chaste, ce qui lui permettait une grande liberté dans
ses relations. Il a été obéissant, exprimant avec une grande clarté que sa mission sur terre se
déploierait selon le dessein du Père et s’abandonnant totalement à la volonté de son Père
1
jusqu’à la dernière seconde de sa vie terrestre, jusqu’à la croix où il s’est exclamé avant de
retourner dans la maison de son Père : « Tout est accompli » (Jean 19, 30).
Le fondement du conseil évangélique de pauvreté est la vie du Fils de Dieu :
Notre appel commun, en tant que Vincentiens, à servir les pauvres nous pousse à
témoigner dans le monde de notre configuration au Christ qui a commencé avec notre baptême
et s’approfondit jusqu’à notre retour dans la maison du Père. En tant que Vincentiens, notre
priorité n’est pas l’accumulation de biens matériels et de ressources financières pour nos
propres fins égoïstes, car nous gardons toujours à l’esprit et dans le cœur que les pauvres sont
« nos Seigneurs et nos Maîtres » qui ont droit à nos ressources. Réfléchir à la manière dont
nous pouvons les assister nous aide à vivre le conseil évangélique de pauvreté par un mode de
vie sobre et simple. La mission vincentienne nous place dans le monde des pauvres. La pauvreté
vincentienne favorise une communauté de service et de solidarité avec nos frères et sœurs.
Elle suppose également de modeler notre vie sur l’exemple de Jésus pauvre, qui a
évangélisé les personnes les plus abandonnées. Saint Vincent, selon la longue tradition de
l’Eglise, fait la distinction entre la pauvreté intérieure et la pauvreté extérieure, toutes deux
nécessaires. Sans manifestation extérieure, la « pauvreté spirituelle » n’est pas crédible. Sans
motivation spirituelle, la « pauvreté matérielle » est souvent de l’ordre du mal.
La chasteté implique la continence intérieure et extérieure, selon l’état de vie, afin que
l’affectivité et la sexualité de la personne soient vécues avec un profond respect des autres et
de soi-même. Le célibat présuppose la renonciation au mariage et aux expressions sexuelles
qui lui sont propres.
Pour les Vincentiens dans la vie consacrée, ces deux éléments du vœu, chasteté et
célibat, sont des manifestations extérieures de leur don total. Ils doivent être perçus comme
l’engagement d’une « responsabilité particulière : le service des pauvres » et non comme un
1
Coste XI, 224 ; conférence.130 « Sur la pauvreté », 6 août 1655.
2
refus de la responsabilité familiale. Les exigences d’une suite radicale de Jésus conduisent les
Vincentiens consacrés à s’offrir entièrement pour la cause du Royaume.
Pour les Vincentiens en général, le conseil évangélique de chasteté nous aide à grandir
dans une relation intime avec Jésus. En tant que don généreux de soi aux autres, la chasteté
favorise notre mission d’évangélisation et de charité envers les pauvres, une expression de
générosité et de créativité. Comme la pauvreté, la chasteté encourage une communauté de
service qui ne peut être efficace qu’à travers l’amitié et des relations fraternelles.
Nous sommes appelés à développer la liberté et le soutien mutuel à travers des amitiés
saines et la prudence, menant au zèle apostolique. Nous devons reconnaître nos propres
faiblesses, notre besoin d’humilité et la nécessité du soutien indispensable de Jésus. Saint
Vincent affirme : « L’humilité est un très excellent moyen pour acquérir et conserver la
chasteté » 2. Il y a des moments où la fidélité à Jésus implique des sacrifices. Saint Vincent
recommande un sérieux sacrifice (la mortification) des sens intérieurs et extérieurs et de savoir
éviter les modes d’expression de l’affectivité et de la sexualité qui ne sont pas en accord avec
le célibat. Parce que notre humanité a ses forces et ses faiblesses, nous devons parler
sincèrement des difficultés avec Jésus et avec d’autres personnes qui peuvent nous soutenir,
comme notre confesseur et notre directeur spirituel.
Le troisième conseil évangélique est l’obéissance. Il s’adresse aux personnes qui sont
ouvertes au message de Jésus. Malgré les doutes et les incertitudes, elles s’abandonnent à Jésus
et lui font confiance, persuadées qu’en fin de compte, le chemin qu’il nous propose de suivre
est le meilleur. Comme nous le rappelle saint Vincent : « [il y a] bénédiction de Dieu dans les
actions faites par obéissance » 3.
L’obéissance implique des valeurs et des attitudes évangéliques telles que l’humilité, la
simplicité, la douceur, le dialogue, le don de l’écoute dans la vie conjugale, dans le célibat ou
dans la vie consacrée. Même lorsque saint Vincent s’adresse aux personnes consacrées, il
évoque souvent l’exemple de l’obéissance et de la déférence des laïcs :
2
Coste XI, 168 ; conférence 111, « Sur la chasteté », 13 novembre 1654.
3
Coste VI, 560 ; lettre 2431 à François Villain, Prêtre de la Mission, à Troyes, 25 octobre 1657.
4
Coste XIII, 642 ; document 160, Conseil du 20 juin 1647.
3
Lorsque deux ou plusieurs personnes n’arrivent pas à se mettre d’accord entre elles,
surtout sur des questions d’importance, c’est le conseil évangélique d’obéissance qui les mène
à un état de paix intérieure et de réconciliation qu’elles ne pouvaient pas imaginer. En tant que
chrétiens et Vincentiens, nous nous efforçons de ne pas avoir le dernier mot, ni d’avoir raison,
mais de nous situer dans le rôle du serviteur, de celui qui sert et non de celui qui est servi.
« Que bienheureux sont ceux qui se donnent à Dieu de cette sorte pour faire ce
que Jésus-Christ a fait, et pratiquer après lui les vertus qu’il a pratiquées : la
pauvreté, l’obéissance, l’humilité, la patience, le zèle et les autres vertus ! Car
ainsi ils sont les vrais disciples d’un tel Maître ; ils vivent purement de son
esprit et répandent, avec l’odeur de sa vie, le mérite de ses actions, pour la
sanctification des âmes, pour lesquelles il est mort et ressuscité » 5.
Tomaž Mavrič, CM
5
Coste VIII, 543 ; lettre 3314 à Joseph Beaulac [1656].
6
Coste IV, 410 ; lettre 1512 aux Sœurs de Valpuiseaux, 23 juin 1652.